Fabienne MASSIANI-LEBAHAR

 

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Les fantômes de la Beat Generation...

Je dois beaucoup aux décalages horaires. Ils m'ont toujours offert une cité endormie à découvrir : « l'errance prometteuse d'une nuit sans fin ».

Voilà San Francisco, et son océan noir brillant des brumes nocturnes.

Elle reste la liberté faite ville, avec ses aventuriers orpailleurs de la première heure, cassant à grands travestissements les codes du genre, puis ses poètes anti système de la Beat Génération, ou sa flopée de musiciens rebelles ...

De North Beach à Haight Ashbury leurs fantômes nous guident encore : Ginsberg, Kerouac, Ferlinghetti, Dylan, Joplin... émergent du brouillard aux abords des quais ou des regards éperdus des fumeurs de crack.

La librairie City Light n'ouvrira qu'à 10 heures. J'attendrai. La poésie ne peut être folklore, et même si maintenant l'interdit prévaut autant que le polissage des comportements, rien ne dit que ces fantômes anti conformistes nous ont abandonnés. La liberté se mérite, et se gagne au fil salvateur de leur lecture. Les recoins de SF nous exhortent dans les méandres d'une pensée insolite et novatrice. Dans le parallèle établi entre les lieux et les idées, les mots Peace and Love n'ont certes pas encore livré tous leurs sens.

L'Histoire ne les a que trop souvent évacués ; bienveillance et tolérance ne constituant pas la cause première des États. Mais l'histoire individuelle et sa sublimation, prônées dans les mouvements hippies des années 60 et 70, pour peu qu'on la régénère, insufflera encore tout espoir possible d'un monde meilleur ; car le meilleur aussi est en nous.

San Francisco, avril 2018